La Guadeloupe n’en peut plus

Le territoire d’outre-mer s’embrase depuis une semaine sur fond de défiance au pass sanitaire et à l’obligation vaccinale. Mais la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber une situation socioéconomique délétère pour les Antilles françaises en général.

En Guyane, l’étincelle qui met le feu aux poudres. Depuis plusieurs jours, l’île est dans une situation extrêmement préoccupante marquée par des scènes de pillages et de violences tous azimuts. Les policiers débordés procèdent à des arrestations presque quotidiennement face à une population terrorisée. D’autant que les épisodes de vandalisme n’épargnent pas le cœur de l’État, comme les mairies et les commissariats. Le Figaro a annoncé à cet effet, lundi, que la douane de Pointe-à-Pitre avait fait l’objet entre vendredi et samedi, d’un vol de plusieurs armes de guerre et des milliers de munitions.

Face à cette situation, le gouvernement français tente de maintenir l’ordre avec l’annonce dimanche, du déploiement sur place de 200 hommes en uniforme, dont une vingtaine d’agents du GIGN et du Raid. Paris prévoit également un dialogue avec les autorités locales afin de sortir de ces troubles décrits par les forces de l’ordre comme ceux d’une guérilla urbaine.

Frustrations

Aux sources de ce déferlement de violences, le déclenchement sur l’île, d’une grève générale pour protester à la fois contre le pass sanitaire et l’instauration de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant, à l’image de la prescription en vigueur dans la Métropole. Mécontents d’être suspendus de leur poste, les 13 % des acteurs de la santé concernés par cette mesure sont entrés en grève à l’appel de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), lundi 15 novembre. Depuis, la situation a dégénéré, se propageant comme un feu de brousse.

Mais ce serait un mauvais diagnostic que de réduire la tension actuelle à de simples protestations contre des mesures sanitaires. La situation découle en réalité d’une frustration longtemps contenue sur le territoire d’outre-mer, à l’image de la quasi-totalité des Antilles françaises. Les Guadeloupéens se sentent en effet éloignés de Paris, et pas seulement au plan géographique. Le chômage y est endémique avec 17% de la population concernée. Les coupures d’eau et d’électricité sont monnaie courante sur l’île où un tiers des habitants vis en dessous du seuil de pauvreté.

Effet d’embrasement

Une réalité quotidienne de forte précarité que la pandémie n’a bien évidemment pas arrangée. Dans ces conditions, les rodomontades du gouvernement d’Emmanuel Macron sur une supposée instrumentalisation de la crise risquent de ne guère apaiser la situation. Et l’effet de contagion menace la Martinique voisine, avec le déclenchement là aussi, d’une grève générale lundi, pour les mêmes raisons qu’en Guadeloupe.

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