Ile de la Réunion : Delphine Batho dénonce l’utilisation des pesticides interdits en métropole
Delphine Batho, la présidente de Génération Ecologie, est montée au créneau pour dénoncer la politique de l’Etat français vis-à-vis de l’utilisation des pesticides dans les territoires d’Outre-Mer, dont l’île de la Réunion. Elle s’offusque du fait que les substances interdites en métropole y soient autorisées, au mépris même de la santé des travailleurs et des habitants de ces territoires.
Les territoires d’Outre-Mer, la poubelle des pesticides interdits en métropole ?
Delphine Batho a dénoncé la politique des deux poids deux mesures du Gouvernement français en matière de pesticides. Elle constate, avec indignation, que certaines substances interdites en métropole sont toujours utilisées en territoires d’Outre-Mer. Les travailleurs et les habitants de ces îles, relève-t-elle, sont exposés aux pires pratiques de l’agro-chimie. Dès lors leur santé est compromise, mais également la « biodiversité exceptionnelle » de ces îles.
Parmi ces pesticides classés « CMR », l’on enregistre par exemple le « Round-up » et l’«Asulox », des substances légales en Outre-Mer, mais retirées du marché européen depuis 2012. Les agriculteurs et les grands groupes des îles continuent à épandre ces produits sur leur plantation de canne à sucre. Mais comment cela est-il possible ? L’on explique que le Ministère de l’Agriculture accorde chaque année une dérogation aux exploitants agricoles des îles d’Outre-Mer. Pendant ce temps, les députés et les sénateurs de ces territoires dormiraient à poing fermé au Parlement français, préférant des prises de bec personnelles aux intérêts de leurs administrés.
Grave situation sanitaire sur l’Ile de la Réunion
Pourtant, rappelle Delphine Batho, une récente étude de Santé Publique France, sur l’utilisation des pesticides par les planteurs de canne à sucre de la Réunion, a révélé une grave situation sanitaire sur l’Ile. Le pis c’est qu’en 2018, au moins 88% des travailleurs de la canne à sucre ont été surexposés à ces pesticides cancérigènes, contre 44% en 1981. A la longue, les conséquences sont le cancer, l’infertilité et la perturbation du système endocrinien.
Que toute substance interdite en métropole le soit à la Réunion
C’est pourquoi, l’ex-ministre de l’Ecologie (2012-2013) exige désormais « que toute substance déjà interdite en métropole le soit à La Réunion, la transparence sur les autorisations et dérogations délivrées ces dernières années, l’ouverture d’une enquête exhaustive sur l’état de santé des travailleurs agricoles, un plan de sortie des pesticides pour que La Réunion devienne un territoire zéro-phyto à la pointe de l’agro-écologie ».
Les détracteurs de Delphine Batho, pour l’essentiel les agro-industries, l’accusent déjà de gauchir littéralement le débat sur les pesticides.