À Strasbourg, la mosquée de la discorde
Le financement par la mairie de Strasbourg de la construction d’une mosquée agite le microcosme politique nationale. En cause, les porteurs du projet, jugés trop proches du régime d’Ankara et promoteurs d’un islam politique.
Elle est baptisée Eyyub Sultan, basée à Strasbourg et sera à terme la plus grande mosquée de toute l’Europe. Mais sa construction soulève d’ores et déjà une polémique politique. Ses initiateurs regroupés au sein de l’association Millî Görüs plus précisément ne sont pas bien vus par le gouvernement français. Et pour cause, ils sont suspectés d’accointance avec la Turquie en vue de répandre partout où besoin sera, l’idéologie d’un islam politique. Cette suspicion est renforcée par le refus de l’association de signer la future charte des principes de l’islam de France que prévoit l’exécutif dans le cadre de sa croisade contre le séparatisme religieux.
Par ailleurs, le chef de l’État Emmanuel Macron, a révélé il y a quelques jours que le régime d’Erdogan a l’intention de s’ingérer dans la prochaine présidentielle française. Autant de raisons qui rendent amer le projet de financement de ladite mosquée, approuvé par la mairie de Strasbourg.
La mairie de Strasbourg droit dans ses bottes
En effet, la municipalité de la ville à majorité écologiste a voté lundi dernier, le principe d’une subvention publique de 2,563 millions d’euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan, à 42 voix pour et 7 contre, sans la participation des groupes de l’opposition, dont la LREM et le PS. Une décision immédiatement dénoncée par la droite et l’exécutif. C’est d’abord sur Twitter que le ministre de l’Intérieur s’en est pris à la mairie de Strasbourg accusée de financer une mosquée soutenue par une fédération défendant un islam politique, dans la soirée du lundi. Avant de récidiver mercredi matin au micro de BFMTV, regrettant le fait que la municipalité participe à la subvention d’une ingérence étrangère sur le sol français.
Des accusations dont se défend la maire Jeanne Barseghian, qui rappelle que le projet de construction de ce lieu de culte est antérieur à son mandat. Surtout, l’édile de Strasbourg met avant la liberté accordée par la loi aux municipalités de l’Alsace, contrairement au reste de la France, d’octroyer des financements politiques pour l’érection des cultes. Elle invite par ailleurs le ministre de l’Intérieur à transmettre à la mairie les informations attestant de ces allégations. Du côté de l’association Millî Görüs, son président rejette les accusations d’ingérence dont elle fait l’objet.