Guadeloupe : la révolte anti-pass sanitaire vers sa propre mort
La manifestation contre l’obligation sanitaire a connu un tournant jeudi avec l’irruption d’une horde de protestataires dans l’enceinte du Conseil régional. Un acte fortement dénoncé par les officiels locaux et susceptible de braquer Paris dans ce bras de fer qui dure depuis plus d’un mois.
En Guadeloupe, la marge de manœuvre plutôt réduite des manifestants ces dernières semaines risque de l’être davantage. De quoi faire tourner court ce mouvement social certes né du refus de l’obligation vaccinale, notamment pour les soignants, mais aux revendications somme toute légitimes.
Une foule de manifestants a en effet forcé l’entrée du Conseil régional de l’île jeudi 23 décembre au terme d’une séance de travail des élus, sans toutefois s’en prendre physiquement à ces derniers. Selon les autorités locales, sur les 400 personnes autour du bâtiment, une centaine est parvenue à pénétrer dans l’hémicycle où ils ont d’ailleurs passé la nuit dernière.
Désapprobation générale
Les envahisseurs comptant parmi les protestataires contre l’instauration du pass sanitaire depuis mi-novembre se disent prêts à passer Noël sur les lieux. Ils devaient toutefois décider ce vendredi de la suite à donner à cet acte très mal accueilli en Guadeloupe. Les élus locaux et les autres membres de la classe politique de la région des outre-mer ont ainsi dénoncé l’initiative, la bravade de trop. Pour beaucoup, c’est le signe d’un mouvement de protestation dont la radicalisation ne semble désormais plus épargner aucune sphère de l’État.
Car depuis les débuts de cette colère contre le pass sanitaire dans l’archipel des Antilles françaises, les épisodes de violences se sont multipliés. Avec en point d’orgue, le saccage dans la nuit du 19 au 20 novembre, de la douane de Pointe-à-Pitre délestée par là même de plusieurs armes de guerre et des milliers de munitions. De quoi motiver un détachement de gendarmes et de GIGN par le gouvernement depuis Paris. Dépêché sur place quelques jours plus tard, le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, avait tancé les manifestants, accusés de tentative d’assassinat sur les forces de l’ordre.
Position tranchée
Avec cette intrusion au Conseil régional, les positions risquent de se tendre davantage. Le collectif de syndicats qui réclame toujours, entre autres revendications, la levée de l’obligation vaccinale, s’est d’ores et déjà heurtée à l’intransigeance de la métropole. Pas question de négocier pour l’abrogation d’une loi de la République (le pass sanitaire, NDLR), a notamment insisté Sébastien Lecornu auprès de l’AFP ce vendredi.
Le mouvement anti-pass sanitaire qui pouvait espérer arracher certaines avancées sociales au gouvernement français vient peut-être de griller ses chances.