Terres rares : la Chine règne désormais en maître absolu sur le secteur
En décembre 2021, la Chine a créé China Rare Earth Group, un conglomérat qui fusionne les principaux producteurs de terres rares du pays. Cette méga entreprise permettra de restructurer le marché local et de renforcer la domination de l’empire du milieu sur ce secteur hautement stratégique.
Les « Big six » ne font plus qu’un
Sur fond de rivalités et de tensions commerciales avec Washington, Pékin a créé en décembre 2021 un géant des terres rares en fusionnant les principaux producteurs du pays. Baptisée China Rare Earth Group, cette méga entreprise absorbe notamment les compagnies China Minemetals Corp, Chinalco et Ganzhou Rare Earth Group, qui constituaient le « Bix six » chinois.
Ces groupes assuraient l’essentiel de la production de terres rares, cet ensemble de 17 métaux aux propriétés électromagnétiques très recherchées. Il s’agit, entre autres, du cérium, du prométhium, du lutétium et du terbium. Ces éléments chimiques sont utilisés dans la fabrication de produits de haute technologie comme les smartphones, les écrans plasma, les ordinateurs et les systèmes radar.
Fin de l’anarchie autour des prix
Pékin assure directement la gestion de China Rare Earth Group via la Commission de supervision et d’administration des actifs publics. Cette structure détient une participation de 31,21% dans le nouveau groupe. Le conglomérat pèse près de 70% du quota de production nationale de terres rares lourdes. Soit 52.719 tonnes métriques de quota minier et 47.129 tonnes métriques de quota de fonderie.
Ce poids donne à la méga entrepreise le pouvoir de fixer les prix des métaux dans un secteur où chaque producteur établissait ses tarifs. China Rare Earth Group met ainsi fin à une anarchie qui pénalisait la Chine et l’empêchait d’asseoir vraiment sa domination. Pourtant, elle réalise entre 55 à 70 % de l’extraction et jusqu’à 90 % de la transformation.
Un levier de pression contre Bruxelles et Washington ?
Pékin devrait se servir de China Rare Earth Group comme d’un moyen de renforcer son influence sur l’approvisionnement en terres rares au niveau mondial. Ses compagnies assurent déjà 80% des importations de terres rares des Etats Unis et 98% de celles de l’Union européenne (UE).
Cette dépendance de l’Occident s’explique par un manque d’investissements massifs dans l’industrie des terres rares et l’absence d’un large réseau de raffinage. Elle inquiète les instances européennes et l’administration américaine qui craignent un abus de pouvoir en cas de fortes tensions commerciales. Il s’agit en effet d’un puissant levier de pression.
Un autre mastodonte annoncé au nord
Ces derniers mois, Bruxelles et Washington ont pris une série de mesures pour diminuer leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Mais ces décisions prendront du temps à changer la situation. D’ailleurs, Pékin souhaite de son côté contrôler la production de terres rares pour ne pas épuiser ses gisements. Récemment, il a fixé des quotas annuels pour les compagnies et un volume total de 168 000 tonnes pour cette année.
Selon l’agence Bloomberg News, la Chine souhaite également créer un géant des terres rares dans le nord (China Rare-Earths Group opère au sud). Chaque conglomérat se concentrera ainsi sur un sous-ensemble différent de matériaux pour une production plus structurée.