Nosopharm s’attaque aux infections nosocomiales

Un laboratin manipulant un tube.

 

Nosopharm, entreprise de biotechnologie lyonnaise, travaille depuis plusieurs mois à la fabrication d’un antibiotique contre les infections nosocomiales. Baptisé NOSO-502, ce médicament a déjà fait l’objet d’études de toxicologie réglementaire en juin dernier. Il devra maintenant passer par des essais cliniques chez l’Homme.

Aussi appelées infections associées aux soins en milieu hospitalier, les infections nosocomiales font chaque année en France 4 000 décès directs sur environ 750 000 personnes touchées. Elles sont causées par divers types de bactéries, dont les pseudomonas aeruginosa qui se développent dans les sols et en milieu humide, les staphylococcus aureus présents dans la gorge et le nez, et l’Escherichia coli qui vit naturellement dans les intestins de l’être humain.

Des espèces très résistances aux antibiotiques

Cette dernière bactérie présente les souches les plus résistantes aux céphalosporines de 3e génération (17,6%) et aux carbapénèmes (1,4%). Il s’agit principalement des souches de Klebsiella pneumoniae. Cette résistance oblige souvent le patient à changer d’antibiotique en cours de traitement. Ce qui retarde sa guérison. Déclarée par l’OMS comme l’une des dix principales menaces mondiales pour la santé publique, la résistance aux antibiotiques fait chaque année plus d’un million de morts.

Aujourd’hui, il n’existe pas de médicaments capables de traiter cette antibiorésistance chez les bactéries Gram négatives, en particulier des composés avec de nouveaux modes d’action. La recherche et le développement de tels composés représentent un énorme défi scientifique et financier. Depuis quelques années, l’entreprise de biotechnologie lyonnaise Nosopharm travaille sur un antibiotique qui devrait permettre de lutter efficacement contre les infections nosocomiales.

Résultats positifs des études de toxicologie BPL

Il s’agit de NOSO-502, premier candidat au stade clinique dans la nouvelle classe d’antibiotiques Odilorhabdines. Découvert par Nosopharm à partir de la bactérie Xenorhabdus, il doit traiter les principales infections nosocomiales causées par les entérobactéries multirésistantes. Ce sont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp. En juin dernier, le groupe a annoncé des résultats positifs des études de toxicologie BPL (Bonnes Pratiques  de Laboratoire) de son antibiotique first-in-class.

NOSO-502 a réussi à inhiber le ribosome bactérien grâce à un nouveau mécanisme d’action contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes. Les résultats de ces études devaient permettre de préparer une demande d’autorisation d’essai clinique chez l’Homme. C’est dans ce contexte de succès que Nosopharm a annoncé en juillet 2022 un remaniement de son conseil de surveillance. Il a nommé Jacques Dumas à la tête de cet organe, en remplacement de Jacques Biton.

Aider à lutter contre l’antibiorésistance

Le nouveau président est un docteur en chimie organique de l’Université Paris VI. Il bénéficie de 30 ans d’expérience en R&D pendant lesquels il a occupé de hauts postes dans les grands groupes pharmaceutiques (Tetraphase, AstraZeneca et Bayer Healthcare). Il a également co-inventé deux médicaments commercialisés, le Nexavar® et le Stivarga®. Avec son équipe, Jacques Dumas doit mettre en place de nouveaux partenariats stratégiques et préparer le prochain tour de table pour poursuivre le développement de NOSO-502 jusqu’à la phase 1 des essais cliniques.

Philippe Villain-Guillot, co-fondateur et président du directoire de Nosopharm, a dit être convaincu que le nouveau conseil de surveillance « facilitera les collaborations de premier plan » afin de développer le pipeline du groupe et faire « avancer ses programmes prometteurs ». Heureux de sa nomination, Jacques Dumas a exprimé sa foi en la « plateforme unique de découverte de médicaments de Nosopharm, basée sur Photorhabdus et Xenorhabdus, pour découvrir des anti-infectieux first-in-class et aider à lutter contre l’antibiorésistance».

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