Manche : en cherchant un logement pour sa fille étudiante, un éleveur laitier découvre une astuce marketing
Il fallait y penser. Un éleveur laitier de Saint-Jean-d’Elle, dans la Manche, a mis en place une astuce pour dénicher un logement étudiant pour sa fille à Paris. Il a collé de petites annonces sur ses pots de yaourt, qu’il a ensuite vendus dans les magasins Monoprix en région parisienne. Si sa fille a finalement trouvé un appartement via un ami, l’agriculteur a découvert une nouvelle forme de marketing.
Chaque année, à l’été, des milliers d’étudiants cherchent un logement dans les grandes villes pour y poursuivre leurs études. Mais ce n’est pas toujours facile de trouver un appartement à cause des délais serrés et une offre souvent insuffisante. Aussi, certains propriétaires préfèrent louer leur bien à des candidats plus fortunés. Ainsi, les étudiants issus de familles modestes ont dû mal à se loger.
« Ma fille Juliette quitte sa Normandie le 1er septembre »
En Normandie, un père agriculteur de Saint-Jean-d’Elle (Manche) a été confronté à la même difficulté en cherchant un logement à Paris pour sa fille de 18 ans, inscrite dans une école de spectacle. Faute de temps pour s’investir pleinement dans cette tâche (il travaille 7h/7 et 24h/24 dans sa ferme), cet éleveur laitier a eu une idée géniale. Il a collé une petite annonce sur ses pots de yaourt, que voici : « Recherche logement étudiant, pour ma fille Juliette qui quitte sa Normandie pour le 1er septembre, proximité Meudon/Boulogne-Billancourt, merci de partager », a-t-il écrit en y ajoutant ses coordonnées.
Les yaourts principalement livrés dans la région parisienne
Eric Lepage a payé 100 euros pour faire inscrire le message sur l’emballage de ses yaourts. Il a étiqueté à peu près 500 pots pour Paris, sur lesquels apparaissent aussi son prénom et le nom de son exploitation, la Ferme des Glycines. Dans la capitale française, ses produits sont commercialisés dans les enseignes Monoprix. Le laitier livre également ses yaourts dans la Manche et dans le Calvados, mais la priorité reste la région parisienne, secteur ciblé par sa fille.
L’annonce de l’éleveur laitier a fait de l’ombre aux autres
Grâce à ce coup de génie, Eric Lepage a reçu de nombreux appels et SMS de personnes voulant lui louer leur appartement pour la rentrée. Son annonce captait tellement l’attention des gens, que ses connaissances, dans la même situation que lui, ne parvenaient plus à trouver un toit. « J’ai même des copains qui me demandent : Eric, laisse ton annonce circuler pour qu’on puisse aussi trouver un logement. C’est ça qui est marrant, ça fait parler », s’amuse le père de famille dans un reportage de TF1.
Eric Lepage veut utiliser la même méthode pour vendre sa ferme
Si depuis sa fille Juliette a déniché un appartement grâce à un ami, l’éleveur se réjouit de la chaine de solidarité qui s’est activée avec une simple étiquette. Il envisage d’utiliser la même méthode pour d’autres démarches, notamment pour trouver un repreneur pour son exploitation. Aujourd’hui âgé de 53 ans, Eric prépare désormais sa retraite. Il ne souhaite pas travailler jusqu’à 70 ans, car le physique commence à lâcher. Et, comme aucun de ses trois enfants n’a prévu de prendre sa suite, il est obligé de céder sa ferme dans les prochaines années.
L’éleveur laitier met en lumière le difficile métier d’agriculteur
À Saint-Jean-d’Elle, les gens le sollicitent aussi pour utiliser son astuce marketing à diverses fins. Certains veulent s’en servir pour recruter de la main d’œuvre ou acheter du matériel, d’autres pour louer leurs biens ou faire la promotion de leurs produits, y compris sur ceux d’Eric Lepage. Les habitants sont convaincus que ce type d’opération participe à la dynamique sociale et économique de leur commune. Pour les agriculteurs, cette histoire constitue aussi une source d’inspiration et d’enseignement. Elle met en lumière les difficultés de leur métier, où l’on doit travailler toute la journée, sans gagner autant qu’un employé de bureau.