Nièvre : les éleveurs désemparés face à la hausse des attaques de loups
Dans le Nièvre, les attaques de loups se multiplient depuis plusieurs mois. La Préfecture de la Nièvre a déjà recensé 21 attaques en 2024, soit près de deux fois plus par rapport à 2023. Face à la recrudescence du nombre de prédations dans le département, les éleveurs sont de plus en plus désemparés. Ils demandent la mise en place de mesures supplémentaires de protection contre cette espère protégée.
Ces derniers mois, plusieurs cas de prédation ont été signalés dans le Nièvre, notamment sur les communes de Magny-Cours, Saint-Parize-le-Châtel et Saint-Pierre le Moutier. À chaque fois, plusieurs brebis ont été tuées, et avec une grande violence dans la plupart des cas. Depuis le début de l’année, la Préfecture a recensé 21 attaques dans lesquelles la responsabilité du loup n’a pas été écartée. C’est presque deux fois plus par rapport à 2023, où onze prédations ont été enregistrées.
Dans la Nièvre des meutes installées, mais également des loups solitaires
Si la Préfecture ne confirme pas la présence du loup dans le Nièvre, la FDSEA assure de son côté que le loup s’est bel et bien installé dans le département. Un piège photo a photographié l’animal plusieurs fois sur le territoire. Il y aurait déjà des meutes installées, mais également des individus isolés. Pour tous les amoureux de la biodiversité et de la nature, c’est une bonne nouvelle que le loup réapparaisse dans la zone. Malheureusement, la présence de cet animal est un coup de massue pour bon nombre d’éleveurs.
Les agriculteurs de la Nièvre désemparés face aux dégâts causés par les attaques
En effet, la prolifération de ce prédateur conduit à la perte du bétail et probablement à la disparition du métier d’éleveurs. Avec la réduction du gibier, les paysans craignent que le loup visite plus fréquemment leurs exploitations. Normalement, ce canidé mange en moyenne 4 kg de viande par jour, dont 75 % de faune sauvage et 25% de faune domestique. Les agriculteurs sont de plus en plus désemparés face aux dégâts causés par ce canidé protégé en Europe, au titre de la Convention de Berne.
La FDSEA souhaite le déclassement du loup comme espèce strictement protégée
Si certains prônent l’élimination intégrale de ce prédateur dans le Nièvre, arguant que sa cohabitation avec l’homme est impossible, d’autres demandent plutôt que la réglementation soit revue. Des élus proposent la création d’une brigade Grands Prédateurs en Bourgogne-Franche-Comté comme celles de Gap et de Rodez. La FDSEA locale souhaite précisément le déclassement du loup comme espèce strictement protégée et la sacralisation d’un certain nombre de zones d’élevage en passant du tir aujourd’hui défensif à un tir offensif.
Deux arrêtés de tirs de défense pris par la Préfecture de la Nièvre
Mais comment déterminer le seuil où l’on passe d’une logique défensive à une logique offensive ? Ne court-on pas le risque d’une traque intensive qui provoquerait la disparition du loup du département ? Le préfet de Nièvre a pris deux arrêtés de tirs de défense sur des parcelles touchées, dont une pour la commune de Magny-Cours. Mais il appelle à la prudence les agriculteurs de onze communes entre Loire et Allier. Il est vivement recommandé de protéger les brebis, particulièrement la nuit, avec des chiens et des clôtures ou en les faisant rentrer en bâtiment.
252 attaques de troupeaux domestiques enregistrées en Bourgogne-Franche-Comté en 2023
La préfecture invite aussi les éleveurs dont les troupeaux auraient subi une attaque susceptible d’être imputé à un grand canidé à contacter ses services pour une procédure de constatation sur place par les agents spécialisés de l’OFB. Par ailleurs, elle conseille de faire remonter des signalements à l’OFB en cas d’observation de grand canidé ou de traces de présence. En 2023, 252 attaques de troupeaux domestiques ont été recensées en Bourgogne-Franche-Comté. Au total, 356 animaux ont été dévorés, dont 265 pour la seule Saône-et-Loire.