Paris : Dunkin’ Donuts lance l’offensive face à Krispy Kreme

L’ouverture du premier coffee shop Dunkin’ Donuts dans la capitale française marque un tournant dans l’arrivée des géants américains de la gourmandise sucrée. Face à un marché parisien en pleine mutation, la marque mise sur une expansion rapide pour s’imposer face à Krispy Kreme, déjà bien installé. Une bataille commerciale qui illustre aussi la transformation des goûts urbains et les tensions entre standardisation globale et identité locale.
L’arrivée de Dunkin’ Donuts à Paris : offensive américaine et ambitions françaises

L’ouverture du premier point de vente Dunkin’ Donuts le 14 mai 2025 au 19 boulevard Montmartre (Paris 9e) n’est pas anodine. En choisissant une adresse centrale, hautement fréquentée et symbolique du Paris commerçant, la marque vise un double objectif : capter immédiatement l’attention des urbains et asseoir son image dans un quartier qui mélange tourisme, bureaux, et vie parisienne trépidante. Cette localisation permet aussi de tester, grandeur nature, le potentiel d’adaptation du concept américain au rythme de vie parisien. Le coffee shop n’est pas simplement un lieu de vente : il se veut aussi une vitrine du style de vie « à l’américaine », où le donut accompagne un latte dans une ambiance standardisée mais accueillante.

Dunkin’ Donuts ne se limite pas au donut. L’enseigne propose une gamme complète de pâtisseries (muffins, croissants, brownies) et une offre café très développée, s’adaptant aux standards européens du coffee shop. En misant sur une diversité de goûts (glaçages colorés, éditions limitées, recettes saisonnières) et sur des boissons personnalisables, la marque entend séduire les étudiants, les actifs pressés comme les familles en sortie. Ce calibrage marketing repose sur une promesse simple : accessibilité, régularité, et confort. À l’heure où les Parisiens sont de plus en plus familiers des pauses « to-go », Dunkin’ entend capitaliser sur une routine qui mêle consommation rapide et petit plaisir quotidien.

Derrière cette première ouverture se trouve le groupe QSRP, basé en Belgique, déjà actif dans la gestion de franchises telles que Burger King et Quick. Le développement français de Dunkin’ Donuts est donc pensé à l’échelle européenne, avec une approche multi-villes et un maillage rapide du territoire. Plusieurs autres ouvertures sont déjà prévues en Île-de-France, avant une expansion vers Lyon, Marseille et Lille. Ce plan vise à occuper le terrain rapidement, afin de prendre de vitesse les autres acteurs potentiels. Dunkin’ n’est pas venu tester le marché français : il est venu pour le conquérir.

Krispy Kreme, le pionnier américain déjà enraciné

Krispy Kreme a précédé son rival sur le territoire français en ouvrant son premier point de vente aux Halles en décembre 2023. L’engouement avait été immédiat : plus de 500 personnes faisaient la queue lors du lancement. Cette ouverture n’était pas isolée, mais s’inscrivait dans une stratégie lente et méthodique d’ancrage. En commençant par un lieu très fréquenté, la marque a privilégié une montée en puissance graduelle, en observant les habitudes de consommation, les goûts dominants, et les éventuelles résistances culturelles. Ce temps d’observation lui a permis de peaufiner ses gammes, d’adapter ses recettes et de réfléchir à une expansion adaptée au tissu urbain français.

Depuis son arrivée, Krispy Kreme a multiplié les implantations en région parisienne. Outre le centre commercial Westfield Les Halles, d’autres points de vente ont ouvert dans des zones stratégiques à fort passage. À travers un réseau en croissance lente mais solide, la marque a déjà posé les bases de sa légitimité sur le marché. Elle mise sur la qualité perçue de ses produits, son image « authentiquement américaine » et sa capacité à créer un attachement à la marque. L’ambition affichée : plusieurs dizaines de points de vente à court terme, et une conquête progressive des grandes métropoles françaises.

Krispy Kreme n’a pas hésité à investir massivement dans la publicité, avec des affiches percutantes, des campagnes sur les réseaux sociaux et des partenariats marketing ciblés. Certaines de ses affiches publicitaires, installées dans Paris, ont toutefois suscité des critiques pour leur aspect visuel jugé « trop envahissant » par des élus locaux. Cette polémique, loin de nuire à la marque, a en réalité renforcé sa visibilité, accentuant l’aura d’un acteur venu « secouer » le marché traditionnel. Cette stratégie rappelle que Krispy Kreme vise la jeunesse urbaine connectée, qui apprécie autant les produits que la capacité d’une marque à faire parler d’elle.

Le marché parisien des donuts : une scène en recomposition

L’appétence des Français pour les produits sucrés d’inspiration américaine ne cesse de croître. Le donut, longtemps considéré comme un produit secondaire ou occasionnel, devient un véritable objet de consommation quotidienne, notamment à Paris où la jeunesse urbaine est friande de nouveautés venues d’ailleurs. Ce phénomène s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la mondialisation des goûts, renforcée par les séries, les réseaux sociaux et les voyages. Le succès de Dunkin’ Donuts et de Krispy Kreme traduit donc une évolution culturelle profonde, où le sucré américain trouve sa place dans les vitrines de la capitale.

La présence de deux géants américains dans une même ville est rare, mais bénéfique pour le consommateur. Pour se démarquer, chaque enseigne devra innover sans cesse : nouvelles recettes, promotions ciblées, décoration des points de vente, service client… Cette concurrence pousse les marques à se réinventer et crée une dynamique vertueuse sur un marché encore peu saturé. Elle favorise aussi l’émergence d’une culture du coffee shop à l’américaine, adaptée aux spécificités françaises. En somme, la guerre des donuts est aussi une guerre des expériences.

Les artisans pâtissiers et les boulangeries parisiennes voient arriver cette déferlante sucrée avec un mélange de curiosité et de crainte. Si certains s’adaptent en proposant leurs propres donuts maison, souvent plus chers mais de qualité artisanale, d’autres peinent à rivaliser avec les prix et la visibilité des grandes chaînes. Cette nouvelle donne pourrait modifier durablement l’équilibre entre industrie et artisanat dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie, forçant les acteurs locaux à innover ou à se recentrer sur leurs forces traditionnelles.



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