Michel Vialay condamné : l’éthique publique en question

L’ex-maire de Mantes-la-Jolie, Michel Vialay, a été condamné à rembourser plus de 51 000 € pour des dépenses municipales jugées injustifiées entre 2014 et 2018.
Une gestion municipale critiquée : dépenses somptuaires et manquements procéduraux

Entre 2014 et 2018, Michel Vialay, alors maire de Mantes-la-Jolie, a effectué une série de dépenses de représentation qui ont aujourd’hui été jugées abusives. Au total, 51 678 euros de fonds publics ont été engagés pour des frais considérés comme personnels ou disproportionnés : repas haut de gamme, séjours dans des hôtels de luxe, achats de vêtements, notamment des cravates onéreuses. Ces dépenses, réalisées sans délibération préalable du conseil municipal ni réelle justification d’intérêt public, ont alerté la Chambre régionale des comptes, dont le rapport de 2020 a fait état d’un sérieux déficit de rigueur dans la gestion municipale.

Ce que ce rapport a mis en lumière, c’est surtout l’opacité des procédures internes de la mairie sous la mandature de Michel Vialay. Aucun encadrement clair, aucun contrôle systématique des dépenses, aucune validation formalisée : les mécanismes de gouvernance et de responsabilité administrative étaient défaillants. Le maire agissait alors dans un cadre où la confusion entre dépenses institutionnelles et dépenses personnelles devenait possible, voire banalisée.

Saisie par la municipalité actuelle, la justice administrative n’a pas retenu les arguments de prescription avancés par Michel Vialay. Le tribunal administratif de Versailles, dans une décision rendue publique en janvier 2025, a estimé que les dépenses étaient manifestement injustifiées, et que l’ancien édile devait rembourser intégralement la somme engagée à la collectivité. Cette affaire rappelle, une fois encore, que la fonction d’élu ne saurait exonérer de l’exemplarité dans l’usage des fonds publics.

Michel Vialay : un parcours politique terni

Longtemps figure respectée des Yvelines, Michel Vialay fut maire de Mantes-la-Jolie pendant douze ans, de 2005 à 2017, avant de devenir député LR de la 8e circonscription de 2017 à 2022. Son parcours, salué pour sa proximité de terrain et son engagement local, semblait inscrire l’homme dans une droite républicaine pragmatique, centrée sur les territoires. Il avait notamment fait de la rénovation urbaine et de la sécurité des priorités de son action municipale.

Mais en coulisses, le style de gestion autoritaire et solitaire de Michel Vialay suscitait des critiques. Cette condamnation vient aujourd’hui jeter une ombre durable sur sa carrière : les dépenses contestées n’ont pas été le fruit d’erreurs techniques mais de choix répétés, assumés, et reconduits durant plusieurs années. Cette dérive est d’autant plus significative qu’elle survient dans un contexte national de méfiance accrue envers les responsables politiques.

Pour Mantes-la-Jolie, cette affaire représente bien plus qu’un simple remboursement de sommes indûment versées. Elle vient fragiliser l’image d’une ville longtemps pilotée par la même majorité, et pose la question du contrôle démocratique local. À l’échelle politique, elle affaiblit une partie de la droite modérée des Yvelines et pourrait peser dans les recompositions locales futures. Pour Michel Vialay, la possibilité d’un retour en grâce apparaît désormais compromise.

Une exigence renforcée de transparence démocratique

Les faits reprochés à Michel Vialay résonnent dans une société où la défiance envers les élus n’a jamais été aussi forte. Si les sommes en cause ne relèvent pas d’un scandale à l’échelle nationale, elles rappellent que la probité dans la gestion des deniers publics reste un impératif fondamental, y compris au niveau municipal. L’affaire souligne combien chaque euro dépensé doit pouvoir être justifié, expliqué, validé, surtout lorsque la confiance citoyenne est fragile.

Cette décision judiciaire appelle à une révision des mécanismes de contrôle interne dans les mairies. Il ne s’agit pas seulement de moraliser, mais de structurer des pratiques administratives robustes, avec des garde-fous clairs, une traçabilité des dépenses, et une reddition de comptes régulière. À l’heure où les collectivités locales gèrent des budgets parfois équivalents à ceux de PME, leur gouvernance doit être à la hauteur des attentes démocratiques contemporaines.

Enfin, cette affaire réactive la nécessité d’une exemplarité active de la part des responsables politiques, au-delà des déclarations d’intention. La gestion des fonds publics ne peut souffrir d’approximation, encore moins de laxisme personnel. Ce n’est pas seulement une question juridique ou budgétaire, mais une exigence de cohérence morale pour celles et ceux qui prétendent incarner la République.



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