À L’Aigle, une visite de musée entièrement… nu
Le 15 août, les ateliers BOHIN rouvrent leurs portes aux naturistes pour une visite unique mêlant patrimoine industriel et liberté corporelle assumée.
Une immersion textile… sans textile
Après le succès de la première édition en 2024, la manufacture BOHIN relance, pour la deuxième année consécutive, sa visite naturiste des ateliers, à L’Aigle (Orne). Le 15 août prochain, les visiteurs sont invités à découvrir les secrets de fabrication des célèbres aiguilles… entièrement nus. Une initiative originale, pionnière en France, qui attire un public curieux et conquis par cette approche atypique de la culture industrielle.
BOHIN n’a pas choisi la date au hasard. Le 15 août, jour férié, est propice à une découverte en toute sérénité des lieux. Et si les machines seront à l’arrêt, les visiteurs, eux, plongeront dans près de deux siècles de tradition artisanale. À travers un parcours muséal pensé pour l’occasion, les naturistes parcourront les grandes étapes de fabrication de l’aiguille à coudre dans un environnement calme, documenté et visuellement riche.
Ce choix n’est pas anodin : la Normandie est une région historiquement bienveillante envers la pratique naturiste. En s’inscrivant dans ce cadre culturel, la manufacture BOHIN promeut à la fois un art de vivre alternatif et son propre savoir-faire. Une alliance de modernité et de tradition, portée par un esprit d’ouverture revendiqué par les organisateurs.
Un savoir-faire d’exception mis à nu
Fondée il y a plus de 190 ans, la manufacture BOHIN est le dernier fabricant d’aiguilles à coudre en France. Lors de cette journée singulière, les visiteurs découvriront non seulement l’histoire industrielle du site, mais aussi une collection muséale riche, où les objets du quotidien deviennent témoins d’une époque. L’exposition temporaire « Incendies » viendra compléter le parcours, en présentant des œuvres textiles inspirées des feux australiens de 2020.
Le musée contemporain BOHIN ne se contente pas d’exposer des vitrines figées. C’est un lieu vivant, traversé par des fils d’histoire, de technique et d’artisanat. L’approche pédagogique s’appuie sur des dispositifs bilingues, visuels et interactifs. Des audioguides sont disponibles via l’application Izi Travel, permettant à chacun de découvrir le lieu à son rythme, en français comme en anglais.
Le choix du naturisme transforme la visite en une expérience sensorielle inédite. Sans vêtements, les visiteurs disent ressentir plus intensément la texture des lieux, la température des espaces, et s’immergent plus profondément dans l’atmosphère du site. Un rapport au musée repensé, débarrassé des conventions et des filtres sociaux habituels, qui séduit aussi bien les adeptes convaincus que les néophytes curieux.
Une organisation soignée, entre respect, intimité et originalité
La visite est strictement réservée aux visiteurs naturistes. Pour garantir la tranquillité et la dignité de tous, la manufacture interdit toute prise de photo durant la journée. Des vestiaires sont mis à disposition pour se déshabiller à l’arrivée, et le port de chaussures reste obligatoire pour des raisons de sécurité. L’ensemble du dispositif vise à créer une atmosphère bienveillante et respectueuse.
Le 15 août étant un jour férié, les machines resteront à l’arrêt. Une décision volontaire qui permet de mettre l’accent sur l’aspect muséal et pédagogique de la visite, sans nuisance sonore ni contrainte de production. Ce contexte favorise également l’échange avec les médiateurs culturels, disponibles pour répondre aux questions et enrichir la découverte.
BOHIN ose là où peu d’institutions culturelles françaises s’aventurent. En accueillant une communauté parfois marginalisée, elle envoie un signal fort : celui d’une culture ouverte, inclusive et inventive. La réussite de cette initiative en 2024 et son renouvellement en 2025 démontrent qu’une autre façon de vivre la culture est non seulement possible, mais attendue.