Installations illégales : le cri d’alarme du maire de Chevigny

Guillaume Ruet interpelle le ministre de l’Intérieur face à la recrudescence des occupations illégales de gens du voyage sur sa commune, dénonçant l’impuissance des maires.
Une commune à bout, un maire en première ligne

À Chevigny-Saint-Sauveur, dans la métropole de Dijon, l’exaspération est palpable. Trois occupations illégales de gens du voyage ont eu lieu en l’espace de quelques semaines, en juin et juillet. Le point culminant : l’arrivée de 150 caravanes, installées durant dix jours sur le terrain de football municipal. Guillaume Ruet, maire de la commune, dénonce une situation récurrente et de plus en plus difficile à gérer pour les autorités locales.

Dans un courrier adressé lundi 4 août au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, l’élu tire la sonnette d’alarme. « Nos services sont à bout », écrit-il. Policiers municipaux, agents techniques, élus : tous sont sollicités sans relâche pour gérer ces installations, au détriment de leurs missions essentielles. Le maire pointe une surcharge de travail injuste et des moyens insuffisants, pris dans un engrenage de gestion d’urgence devenu quasi-permanent.

Guillaume Ruet déplore le sentiment d’abandon que ressentent les élus locaux. Il accuse l’État de ne pas assumer ses responsabilités : « Le maire est le réceptacle de la colère légitime et de l’exaspération, parfois virulente, de la population. » Face à une législation jugée inefficace et des délais d’expulsion trop longs, l’édile interpelle directement le gouvernement sur les limites du cadre légal actuel et l’inégalité ressentie face à son application.

Des installations aux conséquences lourdes

Chaque installation illégale laisse, selon l’élu, un cortège de conséquences : dégradations matérielles, montagnes de déchets, nuisances sonores, délits routiers. Le maire souligne aussi la montée d’un sentiment d’insécurité, de plus en plus partagé au sein de la population. Ces occupations, loin d’être anodines, ont un coût humain, logistique et symbolique pour la commune.

Le problème n’est pas seulement quantitatif. Derrière les chiffres se cachent des réalités de terrain : services municipaux mobilisés, tensions avec les habitants, et une fracture de plus en plus visible entre la population locale et les pouvoirs publics. Guillaume Ruet décrit un climat de lassitude généralisée, aggravé par le manque de perspectives et de solutions durables.

La répétition saisonnière du phénomène achève d’épuiser les collectivités locales. Chaque été voit son lot d’occupations illégales, sans que des solutions structurelles ne soient mises en œuvre. Ce cycle délétère contribue à éroder le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions, particulièrement lorsque l’autorité de l’État semble faire défaut dans la gestion de ces crises locales.

Un appel à l’État pour reprendre la main

Le maire réclame une réforme législative ambitieuse. Il appelle à raccourcir les délais de procédure d’expulsion, à renforcer les sanctions pénales, et à doter les autorités locales de véritables moyens coercitifs pour prévenir les récidives. Selon lui, le simple fait qu’une installation soit illégale devrait suffire à déclencher une expulsion, sans condition supplémentaire liée à l’ordre public.

La situation à Chevigny-Saint-Sauveur n’est pas isolée. De nombreux maires à travers la France font face à des problématiques similaires. Une circulaire adressée aux préfets en juin invite déjà à plus de réactivité. Mais pour beaucoup d’élus, ces mesures sont encore insuffisantes. Une proposition de loi pourrait être déposée à l’automne pour muscler l’arsenal juridique des collectivités.

Guillaume Ruet conclut sa lettre sur un ton personnel et solennel : « Je compte sur vous. » L’élu met en garde contre une fracture territoriale qui se creuse, et une colère citoyenne qui monte. Son appel illustre une tension croissante entre les réalités de terrain et les lenteurs institutionnelles. Pour lui, il y a urgence à réaffirmer l’État de droit sur l’ensemble du territoire.



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