Bassin d’Arcachon : les ostréiculteurs mécontents du nouvel arrêté sur la dégustation des huîtres
Un nouvel arrêté préfectoral encadrant la dégustation des huîtres dans le bassin d’Arcachon, à partir du 1er janvier 2021, suscite une vive désapprobation chez les ostréiculteurs. A leur tête, le comité régional conchylicole qui entend attaquer la décision en justice.
Le vendredi 3 septembre, Fabienne Buccio, la préfète de la Gironde, a signé un nouvel arrêté encadrant la dégustation des huîtres dans le bassin d’Arcachon. Destiné à remplacer celui du 11 avril 2011, cet arrêté entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Il fait comprendre qu’une cabane ostréicole n’est pas un restaurant, en réaction à l’affaire du « Routioutiou ». Cette entreprise ostréicole du Bassin d’Arcachon a été jugée en janvier dernier pour commerce illégal parce que son activité de dégustation avait pris le pas sur son activité principale d’élevage des huîtres. Ses propriétaires ont fait appel du jugement.
Les professionnels du secteur n’ont pas été consultés
Avec ce nouvel arrêté, le préfecture met en avant « la volonté commune de mieux encadrer les dégustations en se dotant d’un cadre juridique exempt de tout risque d’interprétation, tout en garantissant au consommateur l’origine du produit ainsi que le respect des règles sanitaires ». Pourtant, le lendemain de la publication de ce texte, par la voie de son président Thierry Lafon, le Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) a fait part de sa « stupéfaction », tant sur le fond que sur la forme.
D’abord sur la forme. Thierry Lafon et les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon considèrent l’arrêté comme « une surprise ». En effet, après une première concertation avec les professionnels du milieu en janvier, ils attendaient d’être de nouveau consultés sur le sujet, à la faveur du déconfinement. Mais le comité n’a pas été tenu au courant de l’évolution du travail sur l’arrêté, qu’il a découvert dans la presse.
Les huîtres doivent avoir séjourné au moins six semaines dans les eaux du bassin d’Arcachon
Ensuite sur le fond, le gros du problème. Le texte stipule que l’activité de production ostréicole doit représenter au moins 51 % du chiffre d’affaires global de l’entreprise. Une règle tout simplement impossible à appliquer pour les ostréiculteurs interrogés. Comme Laury, la co-gérante de la cabane du Paliquey, qui souligne que la plus part des clients préfèrent manger des ramequins de crevettes ou des bols de bulots que de déguster des huîtres. « Automatiquement, nous ne sommes pas dans le bon pourcentage », estime-t-elle.
Autre nouveauté de l’arrêté qui hérisse les ostréiculteurs : les huîtres doivent avoir séjourné au moins six semaines dans les eaux du bassin d’Arcachon avant dégustation. Une façon de lutter contre l’achat et la revente d’huîtres issues d’autres bassins, sans en élever soi-même. « Cela part d’une bonne intention, celle de contrôler la provenance mais il faut comprendre que cette année par exemple on a eu une mortalité importante et beaucoup de pertes et cette règle nous empêcherait de recourir au complément d’élevage », pointe Thierry Lafon.
« La loi doit éviter les contentieux, pas les multiplier »
En outre, l’arrêté acte l’obligation d’une autorisation spécifique pour les dégustations. Aujourd’hui, les ostréiculteurs doivent respecter la législation en vigueur, notamment les règles sanitaires, mais sans faire de demande particulière. « La loi est censée exister pour nous protéger, pour éviter les contentieux mais là, l’arrêté va les multiplier », avertit Thierry Lafon.
Face à toutes ces nouvelles règles qui vont pénaliser économiquement la profession et multiplier les contentieux, le Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) envisage un recours en justice.