Côte-d’Or : les feux tricolores intelligents bientôt retirés

Feux tricolores passés au rouge.

 

Le ministère de l’Intérieur réclame que les feux tricolores « intelligents » soient supprimés ou réaménagés en feux classiques, estimant qu’ils doivent réguler la circulation et non modérer la vitesse des conducteurs. Une décision que peine à comprendre le maire de Morey-Saint-Denis, qui a vu le nombre d’accidents dans sa commune chuter depuis leur installation.

Une décision basée sur un arrêté datant de…1967

Certains automobilistes les appellent « feux récompense » et d’autres, « feux sanction ». Mais la plupart des maires qui en ont installé à l’entrée de leur commune parlent de « feux intelligents ». Ces dispositifs se différencient des feux tricolores classiques en ce sens qu’ils modèrent la vitesse des conducteurs au lieu de réguler simplement la circulation. En effet, lorsqu’un véhicule roule à moins de 50 km / h, ils restent au vert. Au-delà, ils passent au rouge pour signifier que cette voiture va trop vite. Ils sont donc efficaces pour casser la vitesse des automobilistes.

Pourtant, le ministère de l’Intérieur les juge illégaux et réclame qu’ils soient supprimés ou réaménagés en feux classiques. Dans une réponse publiée au Journal Officiel du Sénat le 17 septembre, Gérald Darmanin déclare que « l’utilisation de feux asservis à la vitesse n’est pas conforme à la réglementation actuelle définie par l’arrêté du 24 novembre 1967 relatif à la signalisation des routes et autoroutes et par l’Instruction interministérielle sur la signalisation routière, qui ne prévoit pas la finalité de modération de la vitesse pour des feux de circulation ». En d’autres termes, les feux ont pour rôle de gérer la circulation sur des carrefours et non la vitesse des automobilistes.

« Il n’y a pas eu un seul accident depuis six ans »

À Morey-Saint-Denis (Côte-d’Or), la municipalité a installé ces dispositifs il y a six ans, sur la route départementale qui traverse la commune. Le maire Jean-Luc Rosier doit désormais les retirer, à contre-cœur, car ces feux jouaient selon lui un rôle essentiel en matière de sécurité routière. « Je n’ai pas du tout envie de les changer parce que je sais par expérience qu’il n’y a pas eu un seul accident depuis six ans alors qu’avant qu’ils soient installés, il y avait un ou deux accidents par an. Donc je n’ai pas vraiment envie. Ceci étant dit, je suis maire, je suis un élu, je suis un agent de l’État donc je dois aussi respecter la loi », a soutenu l’élu.

Les associations de prévention routière aussi ne comprennent pas la décision des autorités étatiques. Elles considèrent que cette mesure ne prend pas en compte l’évolution du trafic. « Il est temps de s’actualiser et d’adapter notre circulation aux nouveaux moyens existants. Depuis 1967, notre circulation a quadruplé ! Là, où on se promenait avant tout seul, maintenant on est peut-être dix. Donc il faut mieux réglementer et je crois que le signal lumineux est quelque chose qui interpelle le conducteur au volant et en appelle à son attention », s’insurge Yves Lemaire, directeur de l’association prévention routière en Bourgogne-Franche-Comté.

Une expérimentation en cours à Vieux-Mesnil

Malgré la demande de retrait de ces feux intelligents, un groupe de travail étudie encore leurs conditions d’utilisation. Le Gouvernement a également lancé une expérimentation sur la commune de Vieux-Mesnil, dans le Nord. Selon les conclusions, la réglementation pourra évoluer. En attendant, le ministère de l’Intérieur averti les communes qui choisissent de les maintenir que « leur responsabilité et la responsabilité pénale de leurs représentants » sera engagée « en cas d’accident corporel de la circulation ».

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