L’Île-de-France n’en peut plus des data centers
La population de la région francilienne a de plus en plus de mal à cohabiter avec ces milliers de machines destinées au stockage de données. Principalement en cause, leur voracité en énergie dont les sources restent encore très polluantes.
Longtemps terre d’accueil privilégié des data centers ou centres de données en France, l’Île-de-France semble de moins en moins encline à abriter depuis quelques années ces gigantesques infrastructures dans lesquelles se concentrent le plus souvent des milliers d’ordinateurs reliés entre eux par des cables et destinés à contenir des données numériques.
En 2015, à la Courneuve dans le département de la , une âpre bataille judiciaire avait opposé Interxion, un des acteurs majeurs de l’hébergement des données à des habitants. Ces derniers reprochaient notamment à la firme d’avoir implanté son immense data center dans une zone trop proche des habitations. Après une première manche remportée par les plaignants, Interxion avait fini par avoir gain de cause, en réaménageant toutefois ses installations étendues sur une distance de sept hectares.
Indispensables, mais…
À l’instar d’Interxion, plusieurs promoteurs de data centers optent pour de grandes parcelles de terre et surtout à coût réduit, pour installer leurs infrastructures. Et en l’occurrence, l’Île-de-France offre un cadre approprié. À ce jour, la région compte au moins 124 des 138 centres de données recensés en France. Une concentration qui s’explique par le caractère indispensable de ces machines utilisées aussi bien par de grands groupes de la tech comme Facebook, Google ou Amazon, que par des institutions de la République à travers le monde.
Mais cela s’accompagne de nombreuses contreparties sources de désagrément pour les populations franciliennes. En effet, les data centers nécessitent une logistique particulière. Les ordinateurs en marche à plein temps ont besoin d’énergie électrique pour fonctionner. Pareil pour les climatiseurs censés empêcher la surchauffe des machines. Sans compter que d’autres prévoient des groupes électrogènes pour pallier la non-disponibilité du courant électrique. Tout ce dispositif fonctionne encore pour la grande majorité au fioul, dont les conséquences pour la planète sont largement documentées.
Outre leur caractère énergivore, les centres de données sont susceptibles de nuire à la santé des riverains à cause des générateurs plutôt bruyants et des ondes électromagnétiques, selon Cécile Diguet, urbaniste à l’Institut Paris Région ayant travaillé sur le sujet, interrogée par l’AFP.
D’où la multiplication des levées de boucliers de la part des populations. La dernière en date a vu l’Essonne s’opposer à la construction d’une data center par Amazon, leader mondial du cloud, à Brétigny-sur-Orge.