La crise en Nouvelle-Calédonie : un volcan qui couve toujours
Quatre mois après le début des récentes violences, la situation continue de se dégrader dangereusement dans l’archipel alors que le silence assourdissant du gouvernement laisse planer un sentiment d’abandon de la métropole.
Les Parisiens n’en ressentent sans doute pas les manifestations, mais la Nouvelle-Calédonie est loin d’avoir retrouvé la paix. Depuis le mois de mai et le début de la flambée de violences, le feu couve et les épisodes macabres se poursuivent.
Le dernier épisode en date a vu deux jeunes de la tribu kanake de Saint-Louis tombés sous les balles du GIGN, entre le mercredi 18 et le jeudi 19 septembre en marge d’une opération. De quoi porter le bilan depuis quatre mois, à 13 morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts matériels importants.
Ceux-ci sont estimés à 2,2 milliards d’euros. Un chiffre vertigineux pour ce territoire d’à peine 270 000 âmes, qui semble aujourd’hui abandonné à lui-même. Ce sentiment de plus en plus prégnant sur place se traduit par le besoin des différentes communautés d’en découdre.
Une population dans la tourmente
Dans ce climat de tension, Paris ne semble avoir pour solution que la force. En témoigne le couvre-feu en vigueur sur l’archipel depuis mai. Loin d’apaiser la situation, cette réponse coercitive contribue au contraire à souffler sur les braises.
« On n’est pas des terroristes, on n’est pas en état de guerre », lançait par exemple, une mère de famille lors de l’opération impliquant des jeunes de la tribu kanake de Saint-Louis cette semaine. « La situation se dégrade un peu plus chaque jour », indique l’ancien ministre de la Justice, cité par Le Parisien.
Une façon d’alerter sur le feu qui couve et que la répression n’a aucune chance d’éteindre. Mieux, les revendications identitaires risquent de s’accentuer à l’approche des prochaines élections provinciales prévues à l’origine d’ici la fin de l’année.
Michel Barnier à la rescousse
« Soit une décision très forte est prise rapidement, soit on va se retrouver à être sorti de la France dans trois mois. Paris ne répond plus », presse l’ancienne membre du gouvernement et présidente de la province Sud, Sonia Backès. C’est dans ce contexte tendu que Michel Barnier, fraîchement nommé Premier ministre, entre en scène.
Dans une lettre datée du 18 septembre envoyée au sénateur de l’archipel, Georges Naturel, il promet selon Le Parisien, de s’engager « pleinement » sur ce dossier calédonien né du projet de loi constitutionnelle de modifier du corps électoral pour les élections provinciales.
Une déclaration d’intention qui sonne comme le dernier espoir de Paris de reprendre la main sur la situation.