Le meurtrier présumé de La Grand-Combe se rend en Italie

Après trois jours de cavale, le suspect de l’assassinat d’Aboubakar Cissé a été arrêté à Pistoia. La justice française prépare son transfèrement et tente d’élucider les complicités dont il aurait bénéficié.
Une cavale écourtée par une reddition surprise en Italie
Depuis l’attaque survenue vendredi 25 avril dans la mosquée de La Grand-Combe, près d’Alès, le profil du suspect ne laissait guère de doute sur sa dangerosité. Olivier A., un Français d’origine bosnienne d’une vingtaine d’années, sans emploi et inconnu des services judiciaires, avait filmé son crime, revendiqué son geste, et exprimé son désir de devenir un « tueur en série ». Les autorités, qui craignaient de nouvelles violences, avaient immédiatement mobilisé d’importants moyens pour le retrouver.
Sur la vidéo de l’agression, le suspect crie : « Ton Allah de merde ! », renforçant l’hypothèse d’un acte islamophobe. Lundi, le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini, a confirmé que « la piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée », tout en évoquant une possible fascination morbide pour la mort. Cette double motivation rend l’affaire d’autant plus inquiétante, car elle conjugue haine idéologique et pulsion criminelle.
La fuite d’Olivier A. a pris fin dans un commissariat italien de Pistoia, où il s’est rendu de lui-même dimanche soir. Pour le procureur, « l’efficacité des moyens mis en place » a contraint le suspect à abandonner toute velléité de cavale prolongée. Un mandat d’arrêt européen est désormais en préparation pour permettre son transfert en France, où il sera poursuivi pour assassinat avec préméditation.
Une affaire marquée par des complicités et une émotion nationale
Le parquet a révélé que le suspect n’avait pas quitté la France seul. « Il a manifestement bénéficié de complicités », a précisé Abdelkrim Grini, évoquant une prise en charge par des proches ou des amis. L’enquête devra établir précisément qui a aidé Olivier A. dans sa fuite. La découverte de telles complicités pourrait entraîner de nouvelles poursuites pour recel de malfaiteur.
Avant ce drame, Olivier A. n’avait jamais fait parler de lui. « Sous les radars de la justice », selon le procureur, il n’avait ni casier judiciaire ni antécédents connus. Ce point interroge : comment un individu sans passif judiciaire a-t-il pu basculer en quelques heures dans un acte aussi violent, prémédité, et politiquement chargé ? La question hante désormais enquêteurs et magistrats.
La mort d’Aboubakar Cissé, jeune Malien d’une vingtaine d’années, a suscité une onde de choc bien au-delà de La Grand-Combe. Une marche blanche a rassemblé plus d’un millier de personnes dimanche dans cette petite commune du Gard. À Paris aussi, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis en début de soirée. Jean-Luc Mélenchon, présent dans la capitale, a saisi l’occasion pour dénoncer un « climat islamophobe » qu’il impute au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ravivant la tension politique autour de cette tragédie.