4G : un projet d’antennes sur le plateau du Cuscionu et aux aiguilles de Bavella fait débat
Un projet d’installation d’antennes de la 4G au cœur des aiguilles de Bavella et sur le plateau du Cuscionu crée la polémique en Corse. Craignant des dommages environnementaux, plusieurs associations s’insurgent contre ce projet censé sécuriser la zone et résorber les zones blanches.
Emmanuel Macron souhaite supprimer toutes les zones blanches sur l’ensemble du territoire français d’ici 2021. Mais, dans la région de l’Alta Rocca, certains habitants s’opposent à un projet d’implantation d’antennes de la 4G par l’opérateur Free au cœur des aiguilles de Bavella et sur le plateau du Cuscionu. En tête de la contestation, l’association Global Earth Keeper qui a lancé une pétition ayant récolté à ce jour plus de 2000 signatures. Elle demande au Président de la République, aux élus corses et aux opérateurs téléphoniques d’abandonner leur projet. « Il faut agir contre ceux qui s’attaquent à notre cadre de vie et notre biodiversité. Implanter des pylônes de 18 m sur des terres vierges, sauvages, c’est ahurissant ! », s’insurge Laurence Constantin, la présidente locale de Global Earth Keeper.
« Difficile de pouvoir s’en passer, pour des raisons de sécurité »
Pour les défenseurs du projet, l’installation d’antennes 4G répond avant tout à un besoin de sécurité. En effet, en février dernier, il y a eu un incendie ravageur à Bavella et les pompiers n’ont pas pu communiquer par téléphone. Venu sur place à l’époque, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner avait annoncé la fin de la zone blanche. « Difficile de pouvoir s’en passer, pour des raisons de sécurité. Je comprends l’inquiétude des gens qui sont montés au créneau et qui ont peur de l’arrivée d’un flux de touristes inconsidéré. Sur le plan de sécurité, le médecin que je suis est obligé de dire que l’antenne 4G est probablement nécessaire », a fait valoir le député de la 2e circonscription de Haute-Corse Paul-André Colombani, interrogé par France 3 Corse.
Après la 4G, la piste, le groupe électrogène, des activités commerciales…
Pour Pascal Legris du mouvement écologiste « I Verdi Corsi », la sécurité, c’est le cheval de Troie tout désigné. Il attaque : « La sécurité, c’est le mot parfait pour justifier de faire tout et n’importe quoi. L’antenne c’est la première pierre. Après il y aura la piste, le groupe électrogène et peut-être des activités commerciales. On nous fait passer pour des empêcheurs de progrès mais il faut se battre, résister, afin que nos enfants puissent eux aussi vivre dans ce havre de paix ».
Marie-Jo Andreucci, membre de U Cumitatu di u Rughonu di l’Alta Rocca et l’associu A Funtanedda invite de son côté à trouver d’autres solutions : régularisation de la fréquentation touristique, équipement des professionnels en téléphonie satellitaire, solutions humaines comme les gardes à cheval. « Avec une présence humaine (pour la surveillance), on créerait des emplois et on proposerait des solutions durables », estime-t-elle.
La nature sacrifiée pour les profits
L’association Global Earth Keeper, qui annonce se battre jusqu’au bout, refuse que la population corse de l’intérieur de l’Ile sacrifie « la beauté et la virginité d’un site, la faune, la flore et l’un des derniers endroits du monde agro pastoral traditionnel, pour que le flux touristique soit connecté et que les selfies avec les chevaux de Petru Milanini arrivent immédiatement à l’autre bout de la planète ». Elle imagine aisément les royalties pour Free et les parts de marché des grands opérateurs de téléphonie.