Ardennes : débat autour de la création d’une forêt primaire

Une forêt primaire.

Dans les Ardennes, une association souhaite faire renaître une forêt primaire pour des questions liées au carbone, à la biodiversité et aux ressources naturelles. Mais ce projet, quoique louable, n’enchante pas certains habitants et élus. Ces derniers pensent qu’il menacera la gestion durable des forêts et privera les citoyens d’un accès à la forêt pour leurs loisirs.

Depuis 2021, l’association Francis Hallé pour la forêt primaire, fondée par le botaniste Francis Hallé, nourrit un projet fou. A savoir créer une forêt vierge de 70 000 hectares, qui pourrait s’installer dans le Grand Est, à cheval sur les Ardennes françaises et belges ainsi que les Vosges du Nord et la Rhénanie-Palatinat (Allemagne). Il s’agira de fermer à toute présence humaine une grande partie de la forêt de cette zone pour laisser la nature reprendre ses droits.

Elus et citoyens vent débout contre la forêt primaire

L’association Francis Hallé justifie cette initiative par la nécessité de protéger l’environnement. Son secrétaire général Éric Fabre explique qu’on a besoin aujourd’hui de plus en plus de forêts et de vieilles forêts pour des questions liées au carbone, à la biodiversité, à l’eau et à la richesse des sols. Mais la sanctuarisation de 70 000 hectares de forêts françaises, belges et allemandes ne convainc pas beaucoup de monde, même si elle doit s’effectuer sur 700 ans. En décembre dernier, les habitants ont lancé une pétition sur Mesopinions.com pour annuler le projet.

La forêt primaire vue comme une entrave aux loisirs et à la gestion durable de la nature

Au premier rang des farouches opposants à la création d’une forêt vierge, figurent les chasseurs et les forestiers. Ceux-ci considèrent qu’un tel espace menacerait la gestion durable des forêts et priverait les citoyens d’un accès à la nature pour leurs loisirs (randonnées, VTT, cueillettes, pêche, chasse, affouage, exploitation…). Il y a également les éleveurs de mouton des Ardennes qui craignent que la création d’une forêt vierge ne rime avec réintroduction des loups. Plusieurs d’entre eux ont récemment signalé la présence de ces prédateurs dans leur parage. Leur fédération a d’ailleurs déjà alerté le préfet à ce sujet.

Un projet trop contraignant pour les autorités

Le conseil départemental des Ardennes rejette également l’initiative. Il estime qu’une forêt primaire anéantirait le développement économique local à cause des exigences de non-constructibilité. Se disant très attaché au développement durable et à la protection de la nature, le conseil reconnait que le réchauffement climatique nécessite des innovations ambitieuses. Mais il juge cette idée de forêt primaire trop opposée aux intérêts de la communauté. Il attend d’autres projets plus fédérateurs.

Francis Hallé mène des concertations avec les différents acteurs

Pour lever les inquiétudes et certains freins, Francis Hallé travaille en concertation avec des citoyens, des représentants locaux et des institutions. L’organisation aimerait que des groupements d’intérêt public soient créés dans chaque secteur directement touché par le projet. En particulier les secteurs agricole, sylvicole et touristique. Elle propose de repenser leur articulation avec un grand espace de pleine nature en libre évolution. Pour ce qui concerne la réintroduction du loup, l’association affirme qu’il s’agit d’une contre-vérité.

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